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Agnès Rouzier

Lettres à un Jeune Allemand

(1964 - 1969)

Edition française

 

266 lettres avec une partie considérable du roman (inédit) 'Hélène'

2018, 2e édition 2020, augmentée et corrigée, 3e édition 2023,

154 p., 26,5 x 16 cm, 29,90 €

ISBN 9-783-942701-47-1

Le 15 octobre est la date de mort de l'écrivaine Agnès Rouzier - en 1981, il y a quarante ans.

 

Sans doute est-ce l'occasion de se souvenir de sa personne, et de la vie qu'elle dut mener en se vouant corps et âme à l'acte d'écrire. De son vivant elle n'a publié qu'un seul texte, intitulé 'Non, rien' ( en 1974, chez Seghers/Laffont) , ainsi que les 'Lettres à un écrivain mort' ( en 1981, dans la revue suisse Furor).

 

Au delà de ces premières publications, des ré-éditions posthumes de l'intégralité de son oeuvre ont pu voir le jour. Une correspondance inédite qu'on détient d'elle vient d'être publiée. Intitulée 'Lettres à un Jeune Allemand', elle s'accompagne d'une grande partie d'un texte qui fut pour Agnès Rouzier son premier roman 'Hélène' , et que son époux Pierre Rouzier avait fait disparaître .

11-6-1966 

 

Tu m'as demandé un jour ce que c'était ma légèreté : ma légèreté c'est aussi savoir que ce que j'imagine vaut autant que ce que je vis, autant et même davantage. C'est ainsi que l'on se penche et que l'on existe, c'est ainsi que l'on meurt, c'est ainsi que mon langage est mon langage, ainsi que je marche, ainsi qu'une expression de ton visage m'a charmé, un après-midi, avenue de l'Opéra et que j'ai pu te parler, malgré ma peur. Voici le chemin que tu peux reconnaître de toutes les évasions et de tous les mythes. Et conjointement celui d'une infinie puissance.

 

27-4-1967

 

Refaire la vie, se serait revoir chaque chose en son origine, se revoir soi-même comme un être humain isolé, à l'écart de la convention, démolir les structures pré-établies (qui dépassent de beaucoup la morale, puisque nous ne voyons rien mais parlons tout suivant un code ancestral). Refaire la vie c'est se lier de très près à la mort, la voir comme notre orientatrice absolue, non-dangereuse, libératrice parce qu'informe. Si nous étions capable de vivre comme mortels, à chaque instant de notre vie, nous vivrions dans l'infini, dans ce qui n'a pas de mesure, parce que pas de sens. Mais nous ignorons la joie, vivant à chaque instant comme si nous étions immortels nous pesons sur la terre d'un poids prétentieux et qui se veut définitif. Comme si nous pouvions, nous, finir quelque chose.

 

Extrait d' Hélène:

      Brouillard. Route. Arbres. Reflétés droite dans le rétroviseur. Route. Arbre. Sans qu'aucune intrigue les relie, l'une aux autres. Hallucination. Rupture. Courte vérité. Court mensonge. Court... La voiture court...

      Chaque chose perçue, solitaire - multiplication et distances. Chaque chose, pliée, séparée, impeccable.

      Elle avance frappant d'immobilité, frappant de mort. Elle avance fermant des portes derrière elle.

      Des fables et des légendes non pas les monstres ailés et superbes, mais l'autre, railleur, dansant à l'envers de l'orbite et qu'elle regarde.

      Vue à travers sa charpente métallique la maison, non couverte symbolise des décombres propres et un lyrisme intact. Tout au long de la route l'herbe est maculée et le gravier saute. Ressac.  Sursaut ?  Redite ?

      "Il faudrait que je l'avertisse..." Absence totale de tout sentiment précis à son égard. Absence totale. Absence ? Absence. Brouillard. Nuit. Arbre. Ou bien le matin éclatant. Matière. Métal. Matière. "Il faudrait que je l'avertisse..." Elle n'est pas ici. Elle est "en route".

      Revoir. Réanimer. Rénover. Vouloir. Phases. Courtes phases. Eclair. Parois. Parois restreintes. Un anneau autour d'elle claque à double tour. Cassure. S'enfermer. S'enfermer. Etre.

      Dans la violence, dans la violence d'abord dormante, puis éclatante, quelle courbe, vers quelle courbe en elle, vers quelle courbe - elle le sait de tout temps, depuis le début de la promenade, vers quelle courbe... Fauteuils aux dossiers rongés, plafonds que se cassent au lieu de s'arrondir en voute, tables, tables, arbres, métal, arbres. Arbres tordus, arbres reconstitués. Violence, Feuilles. Livres. Gravier. Gravier qui saute, voiture qui saute, éclair, pied, pied qui appuie, et ciel, de part en part, uniforme, sous la vitre courbe, Dans la vapeur tiède de la salle de bain le corps retrouve chaque soir... Cassure, Eclair, Même... Même les lèvres... Même le son, même le murmure... Rouge, Rouge, Incarnat, Garance, Garance, Orangé, Orange. Orangé. Eclair. Rouge. Même ses lèvres, mordant sa propre bouche. Bouche, Bouche. Propre bouche, Anneau. Propre bouche. Goût de fourmi. Propre bouche.

Les autres titres d'Agnès Rouzier chez AQ-Verlag:

Briefe an einen toten Dichter

Nein, nichts

Tagebuch

 

Pour l'édition originale visitez www.brulepourpoint.com .

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